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Semaine de la petite enfance : quels enjeux en 2024 ? | Interview de Nadine Pradier, vice-présidente en charge de la Cohésion sociale et intergénérationnelle

Portrait Nadine PRADIER Fepem

Dans le cadre de la Semaine de la petite enfance du 16 au 23 mars 2024, Nadine Pradier, vice-présidente de la Fepem en charge de la cohésion sociale et intergénérationnelle revient sur les enjeux de notre secteur en matière de petite enfance, à l’aube de la mise en place effective du Service public de la petite enfance.

La Semaine de la petite enfance est un évènement réunissant les enfants, les parents et les professionnels. En quoi ces 3 composantes de la petite enfance sont-elles indissociables, dans le contexte de crise de la petite enfance ?

Le secteur de la petite enfance est en crise depuis plusieurs années pour différentes raisons. Selon l’Insee, le taux de natalité en 2022 est le plus bas depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le manque de places d’accueil du jeune enfant est une des causes de la baisse de la natalité.

La pénurie de professionnel touche l’ensemble des modes d’accueil. Pour notre seul secteur, c’est plus de 300 000 places d’accueil qui seront détruites d’ici 2030 si les départs en retraite ne sont pas remplacés. Ce déficit important nous oblige à trouver des solutions et rapidement.

Le rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) et les différents ouvrages qui en découlent ont montré la faiblesse de la qualité d’accueil pour le professionnel et pour l’enfant.

Le trio enfant, parent et professionnel est indissociable pour la recherche de la meilleure qualité d’accueil :

  • Pour l’enfant, cela implique le respect de ses besoins et de son rythme de vie. L’accueil chez un assistant maternel ou une garde d’enfants à domicile est adapté à ses besoins ;
  • Pour le parent, il permet de respecter le libre-choix du mode d’accueil fondé sur les besoins de l’enfant ;
  • Pour le professionnel, l’amélioration de la qualité de l’accueil des jeunes enfants est liée à l’attractivité des métiers.

Le service public de la petite enfance doit répondre à ces impératifs.

 

L’année dernière, vous avez exprimé vos attentes pour le service public de la petite enfance. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Le 1er juin 2023, lors des conclusions du Conseil National de la Refondation, a été lancé le Service public de la petite enfance, dont la promesse de garantir l’accueil pour chaque enfant.

Le Gouvernement s’est engagé à créer 200 000 places dont 100 000 places d’ici 2027. Pour cela, la CNAF (Caisse nationale d’allocations familiales) dispose de moyens financiers conséquents : de 3,9 milliards d’euros en 2022 à 5,4 milliards d’euros en 2027. Tous les modes d’accueil doivent bénéficier de ces dotations y compris l’accueil individuel, qui reste le premier mode d’accueil, insuffisamment pris en compte jusqu’à présent.

« Toutes les villes de plus de 10 000 habitants devront disposer d’un relai petite enfance, dont le rôle sera d’accompagner les parents dans leur recherche la plus adaptée aux besoins de l’enfant et à leurs contraintes. L’accueil individuel s’inscrit pleinement dans ce cadre notamment pour ceux qui ont des métiers en horaires décalés ou atypiques.
Il est nécessaire de relancer l’attractivité des métiers et cela passera nécessairement par la revalorisation des salaires, la formation continue des professionnels, la prévention et santé au travail entre autres. »

En effet, les défis sont immenses pour le secteur de la petite enfance. Selon vous, comment le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile les surmonte ?

Ce qui caractérise le secteur, c’est son dialogue social qui est constant, dynamique et constructif. À ce titre, en deux ans, les partenaires sociaux se sont réunis à 7 reprises pour revaloriser les salaires des professionnels de notre secteur.

Notre secteur est également attaché à la formation tout au long de la vie de nos professionnels. Ce sont plus de 120 000 départs en formation qui ont lieu chaque année dont près de 70 % des assistants maternels qui ont à cœur d’améliorer la qualité d’accueil du jeune enfant. Dans le même temps, les pouvoirs publics ont les dotations financières dédiées à la formation.

Comme vous le constatez, notre secteur a pris la pleine mesure de ces défis depuis plusieurs années en améliorant l’attractivité du secteur. Nous contribuons activement aux politiques publiques de l’accueil du jeune enfant. Nous espérons qu’avec le déploiement du service public de la petite enfance, les pouvoirs publics prennent pleinement leur part.