Nadine Pradier, est intervenue au salon Longevity qui s’est tenu du 20 au 21 juin 2023 à Poitiers, sur le thème « les relations et les liens sont-ils susceptibles de donner du sens ? ».
Dans le contexte de vieillissement de la population, le modèle d’emploi porté par le secteur, notamment dans les métiers de l’accompagnement des soins et de l’autonomie, repose sur la liberté de choix, celui qui va fonder le lien de confiance entre la personne accompagnée et l’accompagnant, dans le cadre structurant et protecteur de la Convention collective.
C’est un modèle d’emploi vertueux qui s’inscrit parfaitement dans les politiques publiques en faveur de l’autonomie et dont on retrouve les bénéfices pour chacun des acteurs, salarié et employeur, dans l’intervention de la présidente de la délégation PACA-Corse à la Fepem.
Intervention Nadine Pradier en ouverture de Longévity
« Quel est le sens de ma vie ? Ce que je fais a-t-il un sens ? Mon travail est-il porteur de sens ? ». Ces questions et cette quête du sens ont pris une acuité particulière depuis la crise sanitaire.
Ce mouvement s’est particulièrement développé outre-Atlantique avec le « Great resign » et, même si l’ampleur n’a pas été si importante en France, l’année 2021 a enregistré un nombre record de démissions.
Il ne s’agit pas d’un rejet du travail en tant que tel mais bien davantage d’un questionnement, de la recherche de sens. En cela, les métiers de l’accompagnement ont sans doute une carte à jouer puisque quels métiers sont plus porteurs de sens que ceux de l’humain ?
Le secteur de l’emploi à domicile promeut un modèle d’emploi vertueux, avec un sens du lien et de l’humain, au fondement duquel se trouve la liberté contractuelle encadrée par une convention collective structurée et protectrice.
Avec 1 million de particuliers employeurs fragiles accompagnés par 550 000 assistants de vie, nous sommes, avec le secteur de l’emploi à domicile, un acteur incontournable de l’accompagnement de la perte d’autonomie. Compte tenu du vieillissement de la population, nous estimons d’ailleurs que d’ici 2030, nous devrons recruter environ 130 000 assistants de vie supplémentaires.
La convention collective des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, entrée en vigueur le 1er janvier 2022, consacre des droits attractifs pour les salariés : formation professionnelle, prévoyance, santé au travail, indemnité conventionnelle de départ volontaire à la retraite, activités sociales et culturelles.
« Ce qui donne du sens à notre modèle d’emploi, c’est la liberté ! »
Elle est au cœur des politiques publiques en faveur de l’autonomie. Elle doit permettre à toute personne en perte d’autonomie de choisir le mode d’accompagnement sur le seul critère de l’adaptation de celui-ci à ses besoins. La liberté est consubstantielle de la capacité à rester maître de son autonomie.
Or, il ne saurait y avoir de libre choix effectif sans une équité entre les modes d’intervention et, à ce titre, il n’est pas admissible que le secteur de l’emploi à domicile soit toujours exclu du tarif socle de l’APA !!
Il est sans doute salutaire de rappeler la teneur de ce dispositif : l’APA est la principale allocation versée aux personnes en perte d’autonomie due à l’âge. Comme cette politique est décentralisée, il existait autant de montant d’APA qu’il existe de départements : Quand on change de département, on change de Pays.
Pour pallier cette inégalité, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 a porté un tarif socle en-deçà duquel le département ne peut pas aller.
Or, en voulant résorber une inégalité, les pouvoirs publics en ont créé une autre car le tarif socle n’est applicable qu’au secteur marchand et pas au particulier employeur, donc l’État subventionne davantage ce secteur.
« Du point de vue du salarié, l’emploi à domicile est porteur de sens »
En cela, je me rapporte à une très belle interview donnée par Sokona Dembélé, assistante de vie en Ile-de-France, à l’occasion de la journée nationale des aides à domicile.
En effet, cette assistante de vie témoigne du fait qu’en étant directement liée à la personne accompagnée, elle a pu adapter les tâches à réaliser aux besoins de la personne, elle a pu prendre le temps du dialogue. Grâce à cette confiance instaurée, elle a pu « faire avec elle » et non pas « faire à la place d’elle ».
L’instauration du lien de confiance est indissociable de notre modèle d’emploi, ce lien fait que le salarié n’est pas l’« assistant de passage » mais bien une personne qui fait partie de la vie de la personne accompagnée, dans son domicile. Un tel lien est indispensable pour agir avec confiance et pour se sentir utile. A défaut, c’est de la méfiance qui est ressentie et les tâches deviennent davantage mécaniques et démotivantes.
Cette particularité, elle se ressent aussi dans la capacité à rompre l’isolement tant pour la personne accompagnée qui ne voit parfois personne d’autre de la journée que pour le salarié qui se rend chez une personne, quelqu’un qu’il connaît, plutôt que chez un client qu’il ne connaît pas.
Pour conclure, les modes d’interventions sont différents mais ils sont complémentaires, dans une saine cohabitation. Face au vieillissement de la population, tous les acteurs du domicile sont nécessaires. Le rôle du Gouvernement, c’est de rétablir la liberté du mode d’intervention et l’équité entre les acteurs du domicile.
« Plus que jamais, l’emploi à domicile se situe au carrefour du sens »
- Par l’engagement d’un secteur à relever le défi du sens de l’évolution démographique ;
- Par la liberté de la personne accompagnée, libre d’adapter son accompagnement dans le sens de ses besoins et dans le cadre d’une convention collective protectrice ;
- Par l’attractivité des métiers de la branche et la structuration d’un secteur, ô combien porteur de sens ;
- Par la rupture de l’isolement de la personne accompagnée comme du salarié dont la confiance instaurée est propice à l’alimentation du lien social et qui, bien souvent, redonne du sens à la vie.
